Publicité

Fake news : la France se dote d'une agence de surveillance des réseaux

Le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Stéphane Bouillon, a annoncé, ce mercredi, la création d'une agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information en provenance de l'étranger. Le service verra le jour en septembre et mobilisera 60 personnes.

L'agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information sera rattachée au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a indiqué Stéphane Bouillon.
L'agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information sera rattachée au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a indiqué Stéphane Bouillon. (Laurent COUSIN/HAYTHAM-REA)

Par Les Echos

Publié le 2 juin 2021 à 18:39

La France sévit face aux ingérences numériques venant de l'étranger et visant à « déstabiliser l'Etat ». Dès septembre, le pays se dotera d'une nouvelle instance : l'agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information.

Ce service, qui mobilisera à terme jusqu'à 60 personnes, sera rattaché au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a indiqué Stéphane Bouillon, secrétaire général de cet organisme interministériel. Ses membres travailleront en sources ouvertes, c'est-à-dire à partir d'éléments publics, a-t-il précisé au cours d'une audition devant la Commission défense à l'Assemblée nationale.

Détecter les attaques

Avec cette agence, « il ne s'agit pas de corriger ou rétablir la vérité, mais d'arriver à détecter les attaques quand elles viennent de l'étranger », a indiqué Stéphane Bouillon. Caractériser et attribuer ces ingérences permettra « aux hommes politiques, aux diplomates, à la justice et la presse de constater que sur 400.000 tweets de reprise de telle ou telle information, 200.000 viennent d'une ferme à bots (des comptes automatisés, NDLR) dans une région hors de notre pays ou que tel débat provient d'une ferme à trolls », a-t-il fait valoir.

Publicité

« Il ne s'agit pas de faire du renseignement, ce qui nous intéresse c'est ce qui est en train de devenir pandémique sur le plan informationnel » et si cela émane « d'un pays étranger ou d'une organisation étrangère qui visent ainsi à déstabiliser l'Etat sur le plan politique », a-t-il insisté. « Notre objectif est de détecter le plus rapidement possible quelque chose qui est en train de monter et de pouvoir signaler l'incendiaire. Une fois que la forêt a brûlé c'est triste mais c'est trop tard », a-t-il conclu.

Les élections présidentielles en ligne de mire

Plusieurs échéances électorales feront l'objet d'une attention particulière au cours des mois à venir, a confié le SGDSN, comme les élections législatives en Allemagne fin septembre, « pour pouvoir en tirer des leçons ». La France elle-même se prépare à la tenue dans un an d'une élection présidentielle et des tentatives d'ingérences dans des scrutins passés dans ce pays, ou aux Etats-Unis, ont été documentées.

Le référendum d'autodétermination du 12 décembre prochain dans l'archipel français de Nouvelle-Calédonie aura aussi valeur de test dans ce domaine. Ce sera l'occasion de « regarder s'il n'y a pas des Etats qui ont intérêt à ce que le résultat du vote aille dans un sens qui ne serait pas forcément celui (pour lequel) les Calédoniens eux-mêmes voteraient », a commenté le secrétaire général du SGDSN.

Conscient du risque que cette nouvelle agence passe pour un outil d'influence en ligne au service de l'exécutif français à un an de la présidentielle, le SGDSN promet la « transparence totale » sur ses actions. Un comité d'éthique et scientifique sera mis en place. Journalistes, chercheurs, mais aussi magistrat, ambassadeur et un membre du Conseil d'Etat et du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en feront partie.

« Task Force Honfleur »

D'autres pays ou groupes d'Etats se sont d'ores et déjà dotés de telles structures. L'Union européenne par exemple a créé en 2015 « East Strat Comm », spécifiquement consacrée à lutter contre les manipulations en provenance de Russie. Au Royaume-Uni le programme NSCT, rattaché aux services du Premier ministre, est chargé de ces missions.

Aux Etats-Unis, un organisme rattaché au département d'Etat, le GEC, a la mission de « diriger, synchroniser, intégrer et coordonner les efforts du gouvernement fédéral pour détecter, comprendre, exposer et contrer la propagande étatique et non étatique, les manoeuvres de désinformations visant à saper ou influer sur la politique, la sécurité ou la stabilité des Etats-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires ».

En France, une première expérimentation amorcée l'an dernier est à l'origine du projet, indique l'AFP. Après l'assassinat en octobre de l'enseignant Samuel Paty par un islamiste, une campagne de désinformation anti-française fleurit sur les réseaux sociaux. L'exécutif charge alors une cellule, baptisée « Task Force Honfleur », de détecter et de caractériser ce bruit de fond qui s'avérera d'origine turque. En début d'année, Emmanuel Macron souhaite que cet effort de lutte contre la désinformation soit confié à un service interministériel.

Les Echos

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité