Après trois mois d’une révolte qui a mis la société israélienne en ébullition, Benyamin Nétanyahou a fini par suspendre son plan de réforme du système judiciaire, censé conduire à l’affaiblissement des pouvoirs de la Cour suprême.
Cependant, le mouvement de contestation appelant à « défendre la démocratie en Israël » nous semble faire l’impasse sur une réalité essentielle : les Palestiniens, qu’ils soient résidents de Jérusalem, habitants des territoires occupés ou réfugiés, sont les premières victimes de cette coalition d’extrême droite.
Quant aux Palestiniens de citoyenneté israélienne, ils subissent depuis toujours un ensemble de discriminations systémiques dans tous les domaines par rapport à la majorité juive, d’où leur absence significative dans la protestation appelant à défendre une démocratie qui les a toujours considérés comme des sous-citoyens.
A l’heure où ces lignes sont écrites, 87 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne depuis le 1er janvier 2023, dont plus de la moitié n’étaient pas des combattants. L’année 2022 avait déjà été la plus meurtrière en Cisjordanie depuis près de quinze ans, avec 146 Palestiniens tués, et la colonisation avait continué de progresser. Parmi ces victimes de l’armée israélienne, la journaliste Shireen Abu Akleh, tuée à Jénine le 11 mai 2022, sans que personne soit jamais inculpé.
Dans le même temps, les attaques de colons contre des villages palestiniens se multiplient : à Huwara, le 26 février, des centaines d’habitants ont été blessés ; leurs assaillants sont repartis sans être inquiétés par l’armée.
Impunité totale
L’occupation, la colonisation et l’annexion en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, ainsi que le blocus total de la bande de Gaza, n’ont pas commencé par l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Alors que, depuis des décennies, colons, dirigeants militaires et politiques israéliens bénéficient d’une impunité totale, les Palestiniens vivent dans l’absence d’une protection internationale. Plus de cinq millions d’entre eux, qui habitent les territoires occupés, n’ont aucune voix au chapitre dans la constitution et le fonctionnement d’institutions israéliennes qui régissent la quasi-totalité de leur vie quotidienne.
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